
Ce fils, ce cher objet de mes inquiétudes qu'ont éloigné de moi des traitements trop rudes et que depuis dix ans je cherche en tant de lieux » Désespéré par la disparition de son fils Clindor, dix ans plus tôt, Pridamant vient consulter le magicien Alcandre afin qu’il lui révèle le destin de son héritier, maltraité et fugueur. Alcandre propose à Pridamant de lui montrer, sous la forme de figures animées, la vie de son fils depuis son départ du domicile paternel. «
Quand Pierre Corneille écrit l'Illusion Comique, en 1635, il n'a que 29 ans et déjà plusieurs succès à son actif (Mélite, La Place Royale, la Galerie du palais, La Veuve) et n’a pas encore écrit le Cid.
Toutes ces pièces de jeunesse ont pour point commun de parler d'amour, de décrire une génération de jeunes adultes qui n'ont pas toujours leur place dans le théâtre classique, de s'affranchir de la règle des trois unités qui prévaudra après 1636 et surtout de briller par leur liberté de ton.
L'Illusion Comique, comme les pièces précédentes de Corneille, se débarrasse de toute forme d'académisme et de bienséance. C'est cela qui en fait la pièce la plus baroque des œuvres baroques.
UN CORNEILLE JEUNE

NOTE D'INTENTION
Nous partons du postulat pas tout à fait insensé que Corneille, en situant sa pièce dans la grotte d'un magicien dont le pouvoir extraordinaire est de faire apparaître des images, invente, sans le savoir, le cinéma. Pridamant est l'incarnation symbolique et concrète du spectateur idéal, celui qui, découvrant pour la première fois les images en mouvement des frères Lumière, s'enfuyait de la salle, terrifié. Le 7eme art comme terrain de jeu donc. Le cinéma comme outil. Hommage au cinéma. Histoire du cinéma. Woody Allen et La Rose Pourpre du Caire, eXistenZ de Cronenberg, Matrix, Babylon de Damien Chazelle, The Truman Show,
The Fabelmans de Spielberg, Cinema Paradiso et bien sûr tous les Méliès seront nos films de chevet. Notre Illusion Comique mettra en scène Isabelle, Lise, Clindor, Adraste ou Matamore en Super 8, travellings ou plans séquences; elle placera au coeur de sa dramaturgie la fabrication de la fiction, les effets de réel et de trompe-l’oeil, mais elle ne perdra jamais de vue l’essentiel : le plaisir du spectateur et la foi dans une intrigue qui, aussi rocambolesque soit-elle, n’en restera pas moins haletante.

MODERNITÉ DES ENJEUX
Il y a dans l'Illusion Comique une modernité qui n'échappe ni au lecteur, ni au spectateur du 21e siècle. Tout d'abord sur la question du couple, de l’amour et de l'engagement : le trio amoureux que constituent Lise, Isabelle et Clindor s’aventure loin des schémas traditionnels puisqu'il fait cohabiter liberté individuelle, polyamour, passion dévorante et irrépressible, et fidélité au milieu des épreuves. Ensuite sur le conflit générationnel : toute la pièce repose sur l'affirmation de la liberté d'une génération sur l'autre. Clindor quitte un père récalcitrant qui refuse de reconnaître la vocation de son fils. Isabelle s'enfuit du domicile paternel pour vivre un amour interdit. Oui, l’Illusion Comique est aussi traversée par l'affirmation du désir féminin qui ose tout, sans retenue ni pudeur

Comme dans le spectacle précédent, Le Jeu de l'amour et du hasard, présenté par le Collectif, la musique aura une place prépondérante dans le projet. Soutien, relais, respiration, les mélodies sont le pendant nécessaire des mots. Dans l'Illusion Comique, ceux-ci prennent une valeur particulièrement musicale : le vers de douze syllabes appelle immédiatement la musique. Certains morceaux du texte feront donc l'objet d'une composition musicale que les acteurs chanteront en direct.
ET SI ON CHANTAIT ?
L’ALEXANDRIN
Fidèles aux principes qui nous ont toujours animés, nous apporterons à la langue un soin vénératif. Si la mise en scène s'appliquera à déconstruire certaines idées reçues sur le théâtre classique, à l'inverse, nous serons intraitables sur la qualité de la langue. Car comme chez Marivaux, c'est avec elle qu'on embrasse ! Accents toniques, hémistiches, diérèses, hiatus ou liaisons seront nos compagnons de route durant le long apprentissage qui nous conduira vers un rivage dont nous ignorons encore tout : celui d’un langage passé, qui comme tous les poèmes, est aussi, et surtout, celui d’une promesse d’avenir.
DISTRIBUTION

OU
Julie CECCHINI

Justine TEULIÉ

Adib CHEIKHI

Matthieu GAMBIER

Jérémie GUILAIN

Lucile JEHEL

Alain RIMOUX

Marc SCHAPIRA
Mise en scène
Frédéric CHERBOEUF
Assistant à la mise en scène
Florence BANKS
Création lumière
Oriane TRABLY
Création sonore
Camille RIEY
Costumes
Lucile JEHEL
Scénographie
Frédéric CHERBOEUF
Construction décors
Matthieu Gambier
Production
L’ÉMEUTE, JUMO PRODUCTION
Coproduction
Stéphanie Bataille, Sandra Ghenassia Productions, MB Associés,
Théâtre de Charlevilles-Mézières
Collaboration artistique
Adib CHEIKHI
Collectif L'ÉMEUTE
Soutiens et remerciements
Issy-Les-Moulneaux, Lénaïc LeBrun et le Théâtre du Gymnase.